Je me réveille en apnée , tel un nouveau-né j'entrouvre les yeux
la pâle lumière du jour filtre à travers les persiennes
J'ai encore rêvé d'un palais labyrinthique cherchant désespérément la sortie
Ça ressemble à ma vie
Mon cœur bat déjà fort je m'étire longuement espérant que le rythme va ralentir
L'angoisse monte vas-y souffle doucement ça marche parfois
Mon corps est détendu une longue journée s'annonce
Combien de temps encore cette sensation de vide m'étreint me donne le vertige
Mon esprit vagabonde le programme est flou
Me lever d'abord m'extirper de mon cocon nocturne
Faire un pas un café une cigarette
Dehors la neige a recouvert les sapins quelques amas tombent au sol
Le soleil naissant la fait fondre lentement
Je scrute l'horizon en quête d'un signe du ciel
Combien de temps encore
Ma tête est encombrée de neurones brûlants
Je dois me concentrer y voir clair régler le focus
Les idées s'amoncellent je sens encore ma poitrine oppressée par mon malaise
Lundi mon cœur s'est emballé me laissant fragile désespérée
Je regarde les photos sur l'étagère le doux sourire de mes filles
M'entraîne vers la vie je remonte à la surface
Je consulte mes messages sur mon portable quelques lignes de mes amis inquiets
Je réponds que tout va bien
Ils me manquent les soirées estivales insouciantes semblent lointaines
De mois en mois la Covid m'a reléguée au rayon des isolés
Les nouvelles ne sont pas bonnes les médias égrènent les morts
Les cas de contamination l'impact psychologique sur les plus fragiles
Les aînés les étudiants les personnes vivant avec une schizophrénie
Un trouble bipolaire un trouble de l'anxiété
C'est compliqué
Nous sommes des milliers à souffrir en silence la vie n'est pas facile
Lorsque la tête fait des siennes et que les gens nous disent
Allez arrête de t'agiter ou bien bouge-toi un peu
Va faire un tour dehors avant le couvre-feu
Aujourd'hui la France entière doit se plier aux horaires fixés par un gouvernement
Qui tâtonne qui s'étonne qui bougonne
Il faut que je fasse des provisions depuis lundi
j'ai vidé le placard
Des dernières conserves j'ai envie d'oranges sanguines et de chocolat aux amandes
Je me motive lentement un café une ou deux cigarettes un reste de galette
Une douche bien chaude j'enfile mes habits et mes bottes
L'air froid me réveille la neige crisse sous mes pas
Je me réjouis d'avoir rassemblé mes dernières forces pour affronter la vie
Auteur : Bipolaire On Air