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Septembre que j'affectionneSeptembre se nomme, le Mai de l'automneEt ce n'est pas sans raison que je l'affectionne.La température s'adoucit, dans nos contréesPour permettre à l'automne de faire son entréeDans un étalage de couleurs dorées et chaudesAfin d'envoyer l'été bouler, d'une chiquenaude.La pluie bénéfique refait son apparition,Rafraîchissante véritable bénédiction.On a l'impression, que la nature en souffranceAvant de s'endormir ramène l'abondanceEn ajoutant diverses touches de vert,Dans les prés et les vallons, avant l'hiver.Et, les grappes de raisin sur les ceps de vigne,Arrivées à maturité, restent le signeQue l'heure des vendanges vient de sonnerEt qu'elles sont, enfin prêtes à se donner.Septembre se nomme, le Mai de l'automneEt ce n'est pas sans raison que je l'affectionne.Dominique Sagne.
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La promenade d'AutomneTe souvient-il, ô mon âme, ô ma vie,
D'un jour d'automne et pâle et languissant ?
Il semblait dire un adieu gémissant
Aux bois qu'il attristait de sa mélancolie.
Les oiseaux dans les airs ne chantaient plus l'espoir ;
Une froide rosée enveloppait leurs ailes,
Et, rappelant au nid leurs compagnes fidèles,
Sur des rameaux sans fleurs ils attendaient le soir.
Les troupeaux, à regret menés aux pâturages,
N'y trouvaient plus que des herbes sauvages ;
Et le pâtre, oubliant sa rustique chanson,
Partageait le silence et le deuil du vallon.
Rien ne charmait l'ennui de la nature.
La feuille qui perdait sa riante couleur,
Les coteaux dépouillés de leur verte parure,
Tout demandait au ciel un rayon de chaleur.
Seule, je m'éloignais d'une fête bruyante ;
Je fuyais tes regards, je cherchais ma raison :
Mais la langueur des champs, leur tristesse attrayante,
À ma langueur secrète ajoutaient leur poison.
Sans but et sans espoir suivant ma rêverie,
Je portais au hasard un pas timide et lent ;
L'Amour m'enveloppa de ton ombre chérie,
Et, malgré la saison, l'air me parut brûlant.
Je voulais, mais en vain, par un effort suprême,
En me sauvant de toi, me sauver de moi-même ;
Mon œil, voilé de pleurs, à la terre attaché,
Par un charme invincible en fut comme arraché.
À travers les brouillards, une image légère
Fit palpiter mon sein de tendresse et d'effroi ;
Le soleil reparaît, l'environne, l'éclaire,
Il entr'ouvre les cieux.... Tu parus devant moi.
Je n'osai te parler ; interdite, rêveuse,
Enchaînée et soumise à ce trouble enchanteur,
Je n'osai te parler : pourtant j'étais heureuse ;
Je devinai ton âme, et j'entendis mon cœur.
Mais quand ta main pressa ma main tremblante,
Quand un frisson léger fit tressaillir mon corps,
Quand mon front se couvrit d'une rougeur brûlante,
Dieu ! qu'est-ce donc que je sentis alors ?
J'oubliai de te fuir, j'oubliai de te craindre ;
Pour la première fois ta bouche osa se plaindre,
Ma douleur à la tienne osa se révéler,
Et mon âme vers toi fut près de s'exhaler.
Il m'en souvient ! T'en souvient-il, ma vie,
De ce tourment délicieux,
De ces mots arrachés à ta mélancolie :
« Ah ! si je souffre, on souffre aux cieux ! »
Des bois nul autre aveu ne troubla le silence.
Ce jour fut de nos jours le plus beau, le plus doux ;
Prêt à s'éteindre, enfin il s'arrêta sur nous,
Et sa fuite à mon cœur présagea ton absence :
L'âme du monde éclaira notre amour ;
Je vis ses derniers feux mourir sous un nuage ;
Et dans nos cœurs brisés, désunis sans retour,
Il n'en reste plus que l'image !
Marceline Desbordes-Valmore.
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Que vois-tu, toi qui me soignes.. dis que vois-tu ?
Quand tu me regardes, que penses-tu ?
Une vieille femme grincheuse, un peu folle,
le regard perdu, qui bave quand elle mange et ne répond jamais
quand tu dis d'une voix forte "essayez" et qui semble ne prêter aucune attention à ce qu'elle fait......
Qui docile ou non, te laisse faire à ta guise,le bain et les repas pour occuper la longue journée.
... C'est ça que tu penses, c'est ça que tu vois ? ...
Alors ouvre les yeux, non ..ce n'est pas moi.
Je vais te dire qui je suis, assise là, tranquille,me déplaçant à ton ordre, mangeant quand tu veux...je suis la dernière des dix, avec un père, une mère,des frères, des sœurs qui s'aiment entre eux...
Une jeune fille de seize ans, des ailes aux pieds,rêvant que bientôt elle rencontrera un fiancé... ça va vite ..
Déjà vingt ans, mon cœur bondit de joie au souvenir des vœux que j'ai fait ce jour-là.
J'ai vingt-cinq ans maintenant et un enfant à moi, qui a besoin de moi, pour lui construire une vie ..une maison...
Une femme de trente ans, mon enfant grandit bien trop vite..nous sommes liés l'un à l'autre par des liens qui dureront... et voilà que ..
Quarante ans, bientôt il ne sera plus là,mais mon homme est à mes cotés et veille sur moi....et déjà...
Cinquante ans, à nouveau jouent autour de moi des bébés.
Nous revoilà avec des enfants, moi et mon bien-aimé.
Voici les jours noirs, et puis mon mari meurt.
Je regarde vers le futur en frémissant de peur car mes enfants sont très occupés pour élever les leurs et je pense aux années et à l'amour que j'ai connus...
Je suis vieille maintenant et la vie est cruelle et elle s'amuse à faire passer la vieille pour folle...
...Mon corps doucement s'en va...
Grâce et forme m'abandonnent.
Et il y a une pierre là où jadis il y avait un cœur.
Mais dans cette vieille carcasse, oui ...la jeune fille demeure.
Le vieux cœur se gonfle sans relâche.
Je me souviens des joies et des peines.
Et à nouveau je revis ma vie et j'aime ..
Je repense aux années trop courtes et trop vite passées et accepte cette réalité implacable.
Alors, ouvre les yeux, toi qui me regarde et qui me soigne.
Ce n'est pas la vieille femme grincheuse que tu vois...
... Regarde mieux et tu verras...
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