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    Un jour de pluie

    Midi sonne, le jour est bien sombre aujourd'hui ;
    À peine ce matin si le soleil a lui ;
    Les nuages sont noirs, et le vent qui les berce
    Les heurte, et de leur choc fait ruisseler l'averse ;
    Leurs arceaux, se courbant sur les toits ardoisés,
    Ressemblent aux piliers de draps noirs pavoisés,
    Quand de la nef en deuil qui pleure et qui surplombe,
    Le dôme s'arrondit comme une large tombe.


    Le ruisseau, lit funèbre où s'en vont les dégoûts,
    Charrie en bouillonnant les secrets des égouts,
    Il bat chaque maison de son flot délétère,
    Court, jaunit de limon la Seine qu'il altère,
    Et présente sa vague aux genoux du passant.
    Chacun, nous coudoyant sur le trottoir glissant,
    Égoïste et brutal, passe et nous éclabousse,
    Ou, pour courir plus vite, en s'éloignant nous pousse.


    Partout fange, déluge, obscurité du ciel ;
    Noir tableau qu'eût rêvé le noir Ezéchiel !
    Hier pourtant le jour, dans sa profondeur vague,
    Pur comme l'Océan où s'assoupit la vague,
    Semblait jeter sur nous son regard triomphant ;


    D'Apollon Délien l'attelage piaffant,
    À peine s'entourait de cette écume blanche
    Qui du flanc des coursiers sur le sable s'épanche ;
    Hier tout souriait sur les toits, dans les airs ;
    Les oiseaux dans leur vol sillonnaient des éclairs ;


    Hier, tout s'agitait aux fenêtres ouvertes ;
    Hier, se répandait sur nos places désertes
    Tout un peuple a plaisir, au travail empressé.
    Regardez aujourd'hui : la nuit seule a passé !


    C'est la règle éternelle : aux voluptés d'une heure
    Succèdent les longs soirs où l'innocence pleure ;
    Aux rapides clartés qui brillent sur le front,
    L'obscurité des nuits qu'un éclair interrompt ;


    Au calme firmament, les chaos de nuages,
    Dont l'accouplement noir enfante les orages.
    Le monde où nous vivons, sous sa voûte d'airain,
    Semble épaissir sur nous l’ombre d'un souterrain.
    Dans un brouillard chargé d'exhalaisons subtiles,
    Les hommes enfouis comme d'obscurs reptiles,
    Orgueilleux de leur force en leur aveuglement,
    Pas à pas sur le sol glissent péniblement.


    Ils ont, creusant sans fin des mystères occultes,
    Embrassé tour à tour et nié tous les cultes ;
    Aux coins qu'à leur tanière assigna le hasard,
    Ils meurent en rêvant des palais de lézard ;


    Et lorsque sur la fange, à travers les ténèbres,
    Tombe un peu de clarté des soupiraux funèbres,
    En face du rayon qu'ils ont vu flamboyer,
    Blasphémant le soleil, ils doutent du foyer.

    Charles Baudelaire.


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  • Avril Avril,

    aux senteurs si subtiles…

    Vivent tes beaux jours parfumant ‘air

    Sous la narine quand ils défilent

    Tout semble alors un grand mystère !

    Avril… ainsi tu te faufiles

    Quatrième mois de notre année

    Tu refleuris campagne et ville

    Et tout renaît de tes bienfaits.

    Avril fragile

    Tu apparais

    Le froid s’exile

    Le printemps naît !

     

    Bon mois d'Avril à vous tous

    Bisous fleuris

     


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  • Ronde de Printemps

    Dans le Parc, dans le Parc les glycines frissonnent,
    Etirant leurs frêles bras 
    Ainsi que de jeunes filles
    Qui se réveillent d’un court sommeil
    Après la nuit dansée au bal,
    Les boucles de leurs cheveux
    Tout en papillotes
    Pour de prochaines fêtes 
    Dans le Parc.

    Dans les Prés, dans les Prés les marguerites blanches
    S’endimanchent, et les coquelicots
    Se pavanent dans leurs jupes
    Savamment fripées,
    Mais les oiseaux, un peu outrés,
    Rient et se moquent des coquettes
    Dans les Prés.

    Dans les Bois, dans les Bois les ramures s’enlacent:
    Voûte de Cathédrale aux Silences
    Où le pas des Visions se fait pieux et furtif,
    Parmi les poses adorantes des Hêtres
    Et les blancs surplis des Bouleaux –
    Sous les vitraux d’émeraude qui font
    Cette lumière extatique –
    Dans les Bois.

    Dans l’Eau, dans l’Eau près de joncs somnolents
    Tremblent les étoiles plus du soleil
    Dans l’Eau,
    Et la Belle tout en pleurs
    Tombe parmi les joncs somnolents,
    Et la Belle
    Meurt parmi la torpeur lumineuse des flots:
    La Belle Espérance
    S’est noyée, et cela fait des ronds
    Dans l’Eau

    Marie Krysinska.

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  • Avril Avril,

    aux senteurs si subtiles…

    Vivent tes beaux jours parfumant ‘air

    Sous la narine quand ils défilent

    Tout semble alors un grand mystère !

    Avril… ainsi tu te faufiles

    Quatrième mois de notre année

    Tu refleuris campagne et ville

    Et tout renaît de tes bienfaits.

    Avril fragile

    Tu apparais

    Le froid s’exile

    Le printemps naît !

     

    Bon mois d'Avril à vous tous

    Bisous fleuris


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  • Le Printemps


    Les bourgeons verts, les bourgeons blancs
    Percent déjà le bout des branches,
    Et, près des ruisseaux, des étangs
    Aux bords parsemés de pervenches,
    Teintent les arbustes tremblants;


    Les bourgeons blancs, les bourgeons roses,
    Sur les buissons, les espaliers,
    Vont se changer en fleurs écloses;
    Et les oiseaux, dans les halliers,
    Entre eux déjà parlent de roses;


    Les bourgeons verts, les bourgeons gris,
    Reluisant de gomme et de sève
    Recouvrent l’écorce qui crève
    Le long des rameaux amoindris;


    Les bourgeons blancs, les bourgeons rouges,
    Sèment l’éveil universel,
    Depuis les cours noires des bouges
    Jusqu’au pur sommet sur lequel,
    O neige éclatante, tu bouges;


    Bourgeons laiteux des marronniers,
    Bourgeons de bronze des vieux chênes,
    Bourgeons mauves des amandiers,
    Bourgeons glauques des jeunes frênes,
    Bourgeons cramoisis des pommiers,


    Bourgeons d’ambre pâle du saule,
    Leur frisson se propage et court,
    A travers tout, vers le froid pôle,
    Et grandissant avec le jour
    Qui lentement sort de sa geôle,


    Jette sur le bois, le pré,
    Le mont, le val, les champs , les sables,
    Son immense réseau tout prêt
    A s’ouvrir en fleurs innombrables
    Sur le monde transfiguré.


    Auguste Angellier.


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  • Bonjour Printemps
    Bonjour gentil Printemps
    Bonjour les arbres verdoyants
    Les gaies couleurs
    Dans les prairies en fleurs
    Petits muguets
    Boutons d'or et bleuets

    Tous les parents
    Vont aller dans les champs
    Cueillir des grains pour leurs enfants
    C'est dommage vraiment
    Qu'il n'y est qu'un Printemps par an
    Reste longtemps joli Printemps.

        Bonjour Printemps
        Bonjour gentil Printemps
        Adieu le vent mauvais temps
        On voit des nids
        Dans les arbres fleuris
        L'Hiver est parti.

        Le froid est fini
        Les derniers-nés
        Apprennent à voler
        Dès que leurs ailes sont poussées
        C'est dommage vraiment
        Qu'il n'y ait qu'un Printemps par an
        Reste longtemps joli Printemps.

    Victor Viry.
     

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  • Le bonheur
    C'est tout petit
    Si petit que parfois on ne le voit pas,
    Alors on cherche, on cherche partout.
    Il est là, dans l'arbre qui chante dans le vent.

    L'oiseau le crie dans le ciel,
    La rivière le murmure,
    Le ruisseau le chuchote
    Le soleil, la goutte de pluie le disent.
    Tu peux le voir là, dans le regard de l'enfant,
    Le pain que l'on rompt et que l'on partage,
    La main que l'on tend.

    Le bonheur, c'est tout petit,
    Si petit que parfois on ne le voit pas.
    Et on le cherche dans le béton, l'acier,
    La fortune,
    Mais le bonheur n'y est pas,
    Ni dans l'aisance ni dans le confort.
    On veut se le construire mais il est là,
    A côté de nous, et on passe sans le voir,
    Car le bonheur est tout petit.

    Il ne se cache pas,
    C'est là son secret
    Il est là près de nous
    Et parfois en nous
      Auteur inconnu
    Merci.


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